La
première guerre mondiale.
Si
Clément, son père n’était pas mort dans les tranchées en 1915, Françoise, la mère de
Dimitri n’aurait pas été traumatisée par son absence et par toutes les
conséquences que cela entraîna pour elle. Elle aurait grandi dans la relative
prospérité d’une ferme normande bien gérée. Mais qui aurait-elle épousé ? Un
autre fermier ? Clément avait laissé le souvenir d'un homme
exceptionnel : un seigneur aux sentiments pleins de noblesse et de bonté ;
l’antithèse du péquenot égoïste, inculte et alcoolique. Françoise en était consciente et avait peur de s'engager dans un mariage moins réussi. Sans amour, sans enthousiasme, elle épousa un menuisier, Damien, et engendra Dimitri.
Toujours
fourrée chez les curés, Françoise aurait dû entrer dans les
ordres. Dimitri ne serait donc pas né d’elle. Il n’aurait pas non plus connu l’influence
civilisatrice de sa grand-mère.
Mort d’Emmanuelle,
première épouse de Damien.
Si
Emmanuelle n’était pas morte, Dimitri serait peut-être né d’elle. Avec la deuxième
guerre mondiale, il est possible que Damien ait dérivé, comme il l’a fait, vers
l’indifférence et la tristesse, mais peut-être moins rapidement et moins
totalement. Quelque temps après son mariage, n’a-t-il pas en effet confié à
l’une de ses belles-sœurs que les meilleures années de sa vie s’étaient passées
avec Emmanuelle, fille d'un prospère entrepreneur en menuiserie ? Cette dernière l’aurait-elle empêché de se perdre dans le désert
émotionnel et culturel où il s’est retrouvé ? Dimitri aurait grandi dans une famille aisée. Que serait-il maintenant, et qui serait-il ?
Cent
ans plus tard, il porte en lui, comme le portent des millions d’autres, les
conséquences d’une guerre commencée en 1914. Et si l'on remontait encore plus
loin dans le temps ? De quels accidents de l’Histoire sommes-nous les
résultats inconscients ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire