En recherchant les programmes de
télévision pour la soirée, je suis tombé sur une présentation de Sœur Thérèse point com.
Il y avait une place pour les
commentaires de spectateurs, et l’un d’eux avait écrit : “L’opium du
Peuple.”
À prendre connaissance d’une
réaction aussi instinctive, on peut se demander:
a) Si ce téléspectateur avait jamais regardé le
programme en question.
- b) S’il en dirait autant de Lakmé à l’opéra ou Antigone
au théâtre.
Réflexion
faite, je n’imagine guère un esprit aussi primitif allant à l’opéra ou même au
théâtre.
Dans Lakmé, il faut accepter les conventions
et tabous de l’indouisme ; dans les pièces de Racine, la présence des
dieux grecs, puis bibliques ; dans le Faust
de Gounod, la mièvre bondieuserie du XIX° siècle, etc. Et on le fait sans
effort, tant le côté artistique ennoblit les croyances absurdes, croyances qui
ne sont, la plupart du temps, que des prétextes à l’intolérance et la cruauté.
C’est d’ailleurs là que réside le côté tragique de ces productions littéraires
ou musicales.
Oui, les
religions sont l’opium du peuple ; et dans le cas de l’islam, ce n’est
plus de l’opium, ce serait plutôt de l’amphétamine. Oui, les doctrines laïques
comme le national-socialisme ou le communisme les rejoignent dans l’intolérance
et l’esprit de persécution. Si la création artistique devait être épurée de
tout illogisme religieux ou politique, il ne resterait plus grand-chose.
La religion
catholique, avec ses menaces, ses mensonges et son arrogance, m’a fait beaucoup
souffrir dans mon enfance, et je n’ai pas la langue dans ma poche quand il
s’agit de la combattre, tout en étant conscient de la futilité de ce
combat, car si elle disparaît, elle sera remplacée par des doctrines encore plus cruelles.
Tout cela pour
dire que je n’hésite pas une seconde à regarder Sœur Thérèse point com, et j’y prends beaucoup de plaisir. Le
scénario est un délice, les dialogues brillants, et les caractères typés avec
talent et humour. Pas un gramme de méchanceté chez les sœurs, qui méritent
pleinement leur appellation de bonnes
sœurs. Les acteurs, qui sont surtout des actrices, sont superbes. Sœur Thérèse
(Dominique Lavanant), bien sûr, mais aussi sœur Suzanne (Maria Duccheschi) et l’extraordinaire
mère supérieure (Édith Scob) qui allie si bien fermeté, compassion et curiosité
de chat. Elle est restée jeune de cœur.
Chez les
« civils » même chose : on y rencontre le lieutenant Gérard
Bonaventure (Martin Lamotte) au charme populaire
et aux réactions d’inspecteur Clouzot, l’inénarrable commandant Mazaud (Gérard
Caillaud) et le jeune flic amoureux d’une bonne sœur, tous acteurs de grand talent, à la diction claire,
avec intonations naturelles et convaincantes.
Foin de
l’opium du peuple : ne gâtons pas notre plaisir.
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