Régine Albert : Je vous envoie de mes Nouvelles
Geste éditions
Ces nouvelles de Régine Albert ne
décevront personne. Le style est rigoureux, simple (et l’on sait combien de
sang, de sueur et de larmes il faut pour acquérir la simplicité dans
l’expression écrite) mais également poétique et musical. J’ai détecté des
crypto alexandrins qui soutiennent les descriptions comme, au piano, les notes
de la main gauche soutiennent, sans en avoir l’air, la mélodie jouée par la
main droite.
Du début à la fin, on trouve des
détails croustillants, amusants, pittoresques ou nostalgiques, mais toujours
avec le souci du mot juste. Sans tomber dans un inventaire à la Prévert,
j’aimerais signaler quelques thèmes récurrents :
L’humour dans Un beau Dimanche, ainsi que dans Fête de Toussaint. “Elle a de bons
restes” y lit-on d’une femme d’un certain âge, encore belle.
Les tendres incertitudes dans Maîtresse d’École.
La sagesse du Carpe Diem dans Le Bonheur et L’Amour en Cage.
L’amertume d’une enfance encadrée
par des prêtres ou des « bonnes » sœurs indignes dans Collégien de Richelieu et La bonne Samaritaine.
Un défi stylistique bien maîtrisé
dans La Boîte aux Lettres, nouvelle
écrite à la deuxième personne du singulier.
Au-dessus de tout, il faut placer
la profondeur et la richesse des relations humaines : trahisons, retours
de situation dans Cité des Primevères
illustrant que « réussir dans la vie » n’est pas du tout
« réussir sa vie ».
Chacun y verra « sa »
nouvelle préférée. La mienne ? Lettre
à celui qui ne la recevra jamais. C’est un bouleversant poème en prose qui
prend aux tripes et amène les larmes aux
yeux.
Sentir et ressentir les joies et
les bizarreries de la vie, mais aussi le malaise, la tristesse et la tragédie
de cette vie, tout le monde peut le faire ; mais traduire cela en un
recueil de nouvelles exige le talent d’un grand écrivain.
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