Les grandes vacances ! Le seul énoncé de ces trois mots diffusait déjà son parfum de poésie car pour les enfants le temps passe très lentement. En effet, leur coeur bat plus vite que celui des adultes. Plus le coeur bat vite plus le temps passe lentement. A contrario, les vieilles gens (dont je fais maintenant partie et dont le coeur bat plus lentement) ont l'impression que le temps passe vite. Je me demande ce que ressentent les éléphants. En effet, leur coeur ne bat que 20 fois par minute !
Un pré-adolescent a l'impression que les grandes vacances n'arriveront jamais. Quand elles arrivent quand même, il pense qu'elles ne se termineront jamais. Les opinions sur la durée de ces vacances varient énormément et il existe de bon arguments pour les raccourcir ou les préserver. Je suis pour la préservation. Lorsque je rejoue dans ma tête les vacances passées au Chefresne, je les vois auréolées de poésie mais aussi d'un enseignement différent de celui de l'école. Je les passais chez mon oncle qui était le curé du village.
Il y avait d'abord le presbytère et son parfum de fraîcheur, même durant les canicules... le grand jardin potager entouré de bandes de fleurs telles que des giroflées ou des iris. Je pense aux ruches et au fascinant apprentissage de la vie des abeilles... la rivière, encore non polluée avec sa faune de poules d'eau, truites, anguilles, couleuvres, libellules, patineurs et rats d'eau, sans compter les habitués du lieu tels les canards ou les martin-pêcheurs. Autrement dit un vaste monde de sensations, une encyclopédie de vie aquatique.
Ces souvenirs enchanteurs me sont douloureux maintenant. La rivière qui traversait le domaine du presbytère est tout simplement morte. Nitrates, insecticides, pesticides et fongicides agricoles l'ont transformé en un ruban jaunâtre et saumatre. Les eaux s'écoulent en un silence de mort. A vouloir tout améliorer, on a tout détruit.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire