mercredi 18 décembre 2024

Amitiés

Il y a des amitiés qui durent. Deux des miennes ont commencé en sixième. Michel était joli comme un chérubin avec son visage rond et ses  cheveux blonds et bouclés.  Nous ne disions pas grand chose. Nous aimions simplement être ensemble. Michel est devenu prof d'anglais. Pour se familiariser avec la langue parlée, il est allé passer un an à l'Université de Colorado à Boulder. Un jour, alors qu'il regardait un match de football universitaire en mangeant un chien chaud, il fut piqué par deux guêpes américaines (yellow jackets), semblables aux nôtres mais plus grosses, qui s'étaient posées sur la saucisse de Francfort. Sa langue enfla immédiatement. Une ambulance arriva et lui épargna le désagrément de mourir étouffé.

L'autre s'appelait Gérard. Intelligent, actif, myope et porté aux excès (de vitesse ou d’alcool). Il aurait voulu devenir chirurgien mais ses problèmes de vue firent qu'il dut se contenter d'être médecin généraliste. Il épousa Denise qui était devenue médecin du travail. Il mourut de leucémie à l'âge de 73 ans. Gérard et moi avons fait notre tour de France à bicyclette. Partis de Saint-Nazaire, nous sommes allés par étapes jusqu'à Bruxelles car nous voulions tous les deux voir l’Atomium. De là, nous sommes descendus sur la côte d'Azur puis nous sommes remontés vers le nord en passant par Narbonne. Nous avions des vélos ordinaires sur lesquels étaient empilés une petite tente et le minimum d'équipement nécessaire à notre survie. Au début, nous faisions des étapes de 50 Km par jour mais peu à peu nous arrivâmes à 75, 100 puis 125 Km. Notre record : 150 !... et ce soir-là nous sommes allés danser. Comme la jeunesse est belle !

Plus tard, en Terminale, j'ai connu l'amitié d'un autre Michel. Il était plus intellectuel que les deux autres. Je luis dois une dette immense, je dirais même immentissible si le mot existait : l'introduction à la musique classique. Il lisait beaucoup aussi et me fit connaître de grands romanciers américain dont j'ignorais jusqu'à l'existence. Il devint journaliste dans le domaine de la finance. Pas très folichon, sauf, bien sûr, pour ceux que cela intéresse. Tous les ans, il m'invitait à venir passer une semaine chez lui sur l'Ile d'Yeu. Nous discutions interminablement. De mes trois amis, c'est celui qui maintenant me manque le plus. Il a contacté la maladie de Parkinson et il est mort en 2018.

Une réflexion de la part de Denise m'a fait réfléchir : "Si vous vous rencontriez de nos jours, vous ne deviendriez jamais amis." Elle a certainement raison mais pourquoi a-t-elle raison ? 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire