Dans un récent article sur le mariage pour tous, je
mentionnais que la condamnation des couples homosexuels par les catholiques et
les musulmans venait du fait que cette situation s’éloigne de la norme. La
norme devient synonyme de perfection, et tout ce qui s’éloigne de la perfection
est condamnable. Étant donné que rien n’est parfait, tout est condamnable.
L’imperfection, que l’on pourrait aussi appeler la
différence, devient un reproche, mais aussi un défi vis-à-vis de la norme. Dans
le domaine religieux, cela s’appelle une hérésie, et doit, pensent certains,
être combattu par tous les moyens. À Rome, les chrétiens se démarquaient du polythéisme
en vigueur. Ils furent persécutés.
Puis, quand les catholiques eurent pris le dessus, ils
se retournèrent contre les Cathares et protestants de tous poils ; contre
les Juifs aussi. En Angleterre, quand les protestants eurent
« gagné », ils persécutèrent les catholiques. De nos jours encore,
dans les coins reculés des Appalaches, ou au cœur de la « Bible Belt »,
c’est-à-dire cette région qui ceinture le cœur des États-Unis, les
irréductibles baptistes ou presbytériens considèrent que les catholiques ne
sont pas des chrétiens (on ne rit pas, svp !).
Dans le monde musulman, Sunnites et Chiites s’étripent
gaillardement pour des querelles de queues de cerise, ou si vous aimez mélanger
les métaphores, pour des cheveux coupés en quatre.
Naturellement, je parle de différences qui ne font de
mal à personne. Par contre, lorsqu’une minorité politique ou religieuse veut,
par la violence, imposer des lois cruelles et ses tabous à la majorité de la
population, comme c’est le cas aujourd’hui en France, la majorité est en droit
de se défendre. Elle en a même le devoir.
L’une des phrases favorites de mon prof de math était
“Supposons le problème résolu”. Autrement dit, reprenons les choses à l’envers.
« Nous » (en tous cas nos ancêtres) avons
persécuté les Cathares. Était-ce vraiment parce qu’ils croyaient que le diable
était aussi puissant que Dieu ?
Nous avons aussi persuadé Louis XIV de révoquer l’édit
de Nantes, amorçant par là, dans le domaine de l’économie nationale, une
descente aux enfers qui devait inéluctablement se terminer par une révolution.
Les jésuites ont persuadé ce même Louis XIV de bannir les jansénistes, et de faire
raser Port Royal. Était-ce vraiment parce qu’ils n’étaient pas d’accord sur la
notion de « grâce » ? Ensuite le pape a convaincu Louis XIV (encore
lui) de bannir les jésuites. Tout puissant et autoritaire qu’il fût, le Roi
Soleil se laissait facilement manipuler.
En fait, et suivant en cela les conseils de mon vieux
prof de maths, nous regardons par le mauvais bout de la lorgnette. Reprenons le
problème à l’envers.
Ce n’est pas à cause de différences d’opinion que nous
nous persécutons mutuellement : c’est parce que nous mourons d’envie de
persécuter quelqu’un. Il nous faut alors rechercher puis dénicher certaines
différences d’opinions chez les autres. Si le pouvoir en place prend parti dans
un sens ou dans l’autre, cela donne carte blanche aux mensonges de la presse et
aux conflits de société… à la limite, aux persécutions.
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