“C’est à Hambourg, à Santiago, à Whitechapel, à Bornéo… ”
Ainsi chantait Édith Piaf. Pourquoi Whitechapel ? Ce fut pendant longtemps
l’un des quartiers favoris des prostituées, un quartier pauvre et un quartier
dangereux. On pense aux victimes de Jacques l’Éventreur, mais Whitechapel a connu
bien d’autres épisodes sinistres, y compris des empoisonnements.
Whitechapel, c’est aussi l’endroit où, en 1852, fut
construit le Royal London Hospital, la première institution non religieuse à
accepter les malades et les estropiés qui ne pouvaient pas payer : le
précurseur de la Sécu, en somme.
Whitechapel, c’est enfin, pour moi, l’hôpital où j’ai
bénéficié d’un quadruple pontage cardiaque en 1995. Le quartier a toujours
mauvaise réputation : escrocs, recéleurs d’objets volés, pickpockets et
violence. Dans le pub qui fait face à l’hôpital, on vous montre, sur le mur du
fond, les trous laissés par des balles de mitraillette lors d’un règlement de
compte dans les années 60.
En 1995 le Royal London Hospital présentait un contraste
frappant entre l’ancien et le nouveau. Le bâtiment semblait sorti d’un roman
de Charles Dickens. À l’intérieur : murs d’un gris lépreux, tuyauteries
apparentes et ascenseurs antédiluviens. Par contre, tout ce qui avait trait à
la médecine et à la chirurgie était à la pointe du progrès. À l’exception d’une
jeune infirmière grognon et bête comme ses pieds, le personnel était sympa,
dévoué et surtout capable. Jusqu’à présent, je leur dois d’avoir continué à
vivre pendant 24 ans de plus.
Pourquoi en parlé-je maintenant ? Parce qu’on a fermé
le Royal London Hospital. Il va être reconverti en mairie du quartier de Tower
Hamlet. Franchement, j’ai eu un pincement au cœur (sans jeu de mots).
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