Ma sœur Marie-Madeleine nous a « quittés » (comme
on dit) à l’automne 2018.
Quand j’avais trois ans, et qu’elle en avait neuf, elle m’apprenait
la cliquette suivante :
Ya des gens
qui sur la Lune
disent qui n’ya
pas d’habitants.
Moi, j’dis
sans erreur aucune
qui y’en a,
mais seulement :
ils n’ont
pas de parapuie.
Ça va bien
quand il fait beau,
mais quand
il tomb’ de la pluie
ils sont
mouillés jusqu’aux os
du dos.
Elle m’apprenait
aussi à lire et à écrire. Les circonstances nous séparèrent. À l’âge de cinq
ans, je lui envoyais des poèmes. Les enfants ne coupent pas les cheveux en
quatre. Je chantais ce qui m’impressionnait ou m’émerveillait : le soleil,
le vent, la mer, les arbres… Elle m’avait inculqué le virus de l’écriture.
Adolescents,
puis jeunes adultes, puis adultes adultes, puis vieux adultes, nous nous revoyions
de temps en temps. Il nous arrivait d’être pris de fou-rires interminables et
presque douloureux à partir de jeux de mots débiles ou en observant des
situations bizarres. Et plus c’était « bête », plus cela nous faisait
rire.
Marie-Madeleine
a toujours aimé ce que j’écrivais. Elle relisait « L’École du Serpent »
tous les ans, me disait-elle. Elle était fière de son frangin. Je lui dis
simplement : « Merci ! ».
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