On
adore savoir. On aime moins faire l’effort de chercher à savoir. Quand l’homme
préhistorique se demandait ce qu’il y avait au-delà de l’océan, ce qu’était le
tonnerre, la course du soleil dans le ciel, la naissance, la souffrance et la
mort, il se trouvait déjà des petits malins pour lui dire : “Moi je sais !”
Ce fut la naissance des religions, la superposition de l’empire du rêve sur celui
de la réalité.
Si l'on excepte l'alchimie, qui n'a jamais donné de grands résultats, la recherche scientifique
n’existait pas au Moyen-Age. Cela n’empêchait nullement nos ancêtres d’élaborer de
stupéfiantes techniques : moulins à eau et à vent qui ne se contentaient
pas de moudre du grain ou de faire monter de l’eau. Ils actionnaient des
scieries, des tanneries, des forges et bien d’autres activités mécaniques. N’oublions
pas les extraordinaires machines de construction, responsables de nos
châteaux-forts et de nos cathédrales (entre autres). En effet, il ne faut pas
confondre science et technique.
À partir du XVI° siècle (en gros)
on a opposé science et religion, la science étant à la recherche du réel, et la
religion à la recherche de rien car, comme le dit Molière : “Les gens de qualité
savent tout sans avoir jamais rien appris.” Les catholiques taxaient alors les
scientifiques d’arrogants, un choix d’adjectif bien malheureux lorsque l’on compare
ceux qui cherchent à savoir à ceux qui prétendent savoir. Certes, comme dans
tous les milieux et toutes les professions, il ne serait pas trop difficile de
trouver des savants arrogants, mais comparée aux affirmations péremptoires des
religions, la science est un modèle d’humilité.
Les choses ont-elles changé ?
C’est une question de degré. “Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien” disait
Socrate. Ce que les scientifiques savent sans l’ombre d’un doute, c’est que
chacune de leurs découvertes accouche d’une flopée de nouvelles questions et de
nouveaux mystères à résoudre. Ils savent aussi que la science a, dans beaucoup
de domaines, expliqué (en partie) comment ça marche, mais jamais pourquoi.
Alors, dans ce vide gnostique, les héritiers des chamans et des papes se
précipitent en criant : “Moi, je sais, je sais !”
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