Avions
J’ai toujours aimé les avions. Enfant, je n’avais pas, comme beaucoup de gamins, l'ambition de devenir pilote de chasse ou pilote de ligne. Je n’ai toujours eu qu’une seule ambition et une seule obsession : écrire des poèmes et des romans. Ce n’est pas incompatible avec l’amour des avions. Voici une sélection de ceux qu’il m'est impossible d’oublier.
Bristol 170.
Trajet : Cherbourg-Southampton (ou, plus précisément, Eastleigh). Cet engin bizarre pouvait transporter 3 voitures et 12 passagers. L’avant s’ouvrait comme une grande gueule. C’était le principe même des transbordeurs maritimes, mais limité à 3 voitures, et avec des tarifs exorbitants. Inutile de préciser que je n’étais QUE passager. Je n’avais pas de voiture. A part cela, l’avion se comportait comme un appareil bi-moteur ordinaire.
Vickers Viscount 700S
Trajet
: Gatwick-Saint Nazaire. Je me souviens d’un passager plus que de
l’appareil. Le capitaine, comme il se doit, s’était présenté
aux passagers par interphone. Il était Français, et de nom et
d’accent. On décolle. La météo était excécrable. Nous étions
secoués comme un panier à salade. L’un des passagers était une
caricature vivante de l’officier britannique à la retraite : veste
pied-de-poule, chemise à carreaux, cravate de régiment. Son visage
couperosé, bien conservé par l’alcool, respirait la suffisance et
la colère. Soudain il explosa (je traduis, évidemment) : “Mais
qu’est-ce que c’est que ce foutoir ? Pourquoi nous ont-ils mis un
pilote français ? Comme si on n’avait pas assez de pilotes
remarquables en Angleterre ! Ce type serait incapable de prendre un
main une bicyclette.” Hurla-t-il assez fort pour se faire entendre de tous.
Les passagers britanniques grinçaient des dents. Il y a des silences qui se font bien sentir.
Deux semaines plus tard, Saint-Nazaire-Gatwick, même avion, même temps pourri et… même colonel à la retraite. Nous étions secoués comme à l’aller. Une différence cependant : le pilote était anglais. Le colonel (si s’en était un) ne laissa pas de saisir l’occasion : “Ah, voilà nos braves pilotes anglais qui n’ont pas peur d’une petite tempête. Vive l’Angleterre !” Hurla-t-il pour le bénéfice des passagers, lesquels auraient volontiers rampé sous leur siège s'ils l’avaient pu.
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