241029
Pendant mon enfance et mon adolescence, les petits métiers disparurent. Il n’en reste plus. Je vais essayer de passer en revue ceux qui s’accrochent à mes souvenirs.
Le bedeau. Dans son costume vert aux galons dorés, il en imposait. Pendant les offices, on le repérait à l’entrée de l’église où il montait la garde en tenant une hallebarde qu’il tapait sur les pavés de temps en temps. Ses regards courroucés fusillaient les retardataires et leur donnaient mauvaise conscience. Le reste du temps, le bedeau devenait sacristain. Avant l’arrivée du prêtre, il choisissait les vêtements sacerdotaux et les étalait sur le comptoir de la sacristie. Ces vêtements changeaient selon les saisons, les fêtes religieuses et les services ponctuels : baptêmes, mariages et enterrements. Le rituel était compliqué et il ne fallait pas se tromper. Les enfants de chœur avaient aussi leur uniforme qu’il fallait faire laver de temps en temps. Les fonctions du bedeau n’allaient pas jusqu’à orner les autels de fleurs car c’était la prérogative d’une petite troupe de grenouilles de bénitier qui balayaient aussi le sol et astiquaient les boiseries. Dernière fonction du bedeau : les cloches. Trois fois par jour, il sonnait l’angélus. Il organisait les volontaires qui sonnaient le glas pour les enterrements et lançaient d’optimistes volées de cloches pour les grand-messes et les mariages. Il faisait ainsi chanter et respirer la paroisse.
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