Il y a quelques années, je suis allé
voir Iphigénie en Aulide de Glück au
théâtre Graslin, à Nantes. Très bonnes interprétations musicales et vocales,
mais désastreuse mise en scène. “On” avait transposé l’histoire à l’époque de
la guerre de Bosnie au début des années 90. “On” avait également entrecoupé l’opéra
de textes lourdement (très lourdement) bobo gauchistes.
Puis, à New York, je suis allé voir
une représentation des Noces de Figaro. Là
encore, rien à dire sur la qualité de la musique et des voix, mais… “on” avait
transposé l’histoire dans un appartement de Park Avenue à notre époque.
Ce soir, j’ai voulu regarder La Flûte enchantée sur Arte. J’ai duré 5
minutes. “On” avait transposé l’intrigue en 1913. Pourquoi pas 1893 ou 1923 ?
“On” avait également ajouté un narrateur. Cela se passait quand même en Autriche…
Pourquoi les esprits étriqués de
certains metteurs en scène se croient-ils obligés d’améliorer l’œuvre originale ? Pourquoi les laisse-t-on faire ?
Ingmar Bergman, l’un des plus grands
metteurs en scène de tous les temps, n’a pas eu cette arrogance lorsqu’il a
filmé La Flûte enchantée. Il ne
sentait pas obligé d’améliorer
Mozart. Son film est un chef d’œuvre. Il n’a pas eu non plus ce mépris pour le
public, mépris qui consiste à vouloir expliquer ce qui se passe aux demeurés que nous
sommes ; ni à rendre l’intrigue plus abordable pour des péquenots comme
nous.
Mouches du coche, laissez le talent
s’épanouir comme l’avaient désiré les auteurs et compositeurs. L’une des
qualités majeures d’un chef d’œuvre, c’est son universalité. J’ai vu Le
Bourgeois Gentilhomme joué au Bénin en costumes français du XVII° siècle. Les
spectateurs, tous noirs et Béninois, étaient enthousiastes. Eux aussi
connaissaient des petits arrivistes pompeux dans LEUR société. Pas besoin de
changer les époques, le cadre ou les costumes. C’est cela, la magie de l’universalité
des grandes œuvres. Nul besoin de petits coqs prétentieux pour nous « aider »
à comprendre ce qui se passe.
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