Et pourquoi mes parents s’étaient-ils absentés ce jour-là ? Ils avaient, tout simplement, été convoqués chez le notaire. Ils avaient vendu la maison. Nous déménagions. Nathalie et moi fûmes comme assommées.
Plus l’échéance se rapprochait et moins nous en parlions. Quelques semaines plus tard, bien sûr, le déménagement eut lieu. Je n’avais aucune influence, aucun pouvoir sur ces événements qui bouleversaient ma vie. J’acceptai. Nathalie accepta. Nous n’avions pas le choix. Mes parents et moi partîmes un jour de semaine, comme des coupables, à cinq heures du matin. Nathalie dormait encore, chez elle, si loin de moi, déjà ! Il n’y eut pas de larmes.
Il n’y eut pas de lettres non plus. Cela ne se faisait pas et mes parents auraient trouvé cette correspondance à la fois bizarre et ridicule. Ils ne tuèrent pas l’amour en moi par leurs seules condamnations, ils le tuèrent aussi par leurs moqueries : une méthode beaucoup plus efficace. D’ailleurs, qu’aurais-je pu dire dans ces lettres ? Aurais-je pu en recevoir une sans que mes parents exigent de savoir ce qu’elle pouvait bien contenir ? L’idée qu’une enfant de mon âge puisse avoir une vie privée leur eût paru scandaleuse, impensable ; et cela incluait certainement le droit d’envoyer et de recevoir des lettres. Nous n’avions pas le téléphone. La séparation fut aussi complète et irrévocable qu’une amputation.
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