Ceux qui adorent la musique
classique ont beaucoup de mal à comprendre l’attitude de ceux qui ne l’aiment
pas. Évidemment, même les mélomanes les plus enthousiastes n’apprécient pas
indifféremment ou également toute la musique classique. Il y a des préférences,
et même des répugnances.
Les « anti-classique »
ne comprennent pas qu’un « classique » puisse également aimer Chuck Berry, Patsy Cline, Meat Loaf, Queen ou
Bruce Springsteen (entre beaucoup d’autres), mais aussi, côté français, Édith
Piaf, Brassens ou Cabrel.
Mon ami Michel est persuadé qu’on
ne peut aimer la musique classique que si l’on y est plongé depuis l’enfance.
Il en est l’exemple parfait, car il est né dans une famille de mélomanes. Sa
mère avait même appris l’allemand et l’italien afin de mieux apprécier les
opéras. Ses parents, ainsi que son frère et ses deux sœurs, se réunissaient en
silence autour du « tourne-disque » (comme on disait à l’époque de
son enfance) comme pour une cérémonie religieuse. C’étaient les années des
premiers microsillons 33 tours.
Ce qui infirme quelque peu la
théorie de Michel, c’est mon expérience personnelle. Mes parents détestaient la
musique : toutes formes de musique. Je devais avoir dans les dix ans avant
de tomber par hasard sur les valses de Johan Strauss. Ce fut une révélation.
Par la suite, c’est Michel justement qui m’a fait connaître d’autres œuvres, à
commencer par le 5ième concerto pour piano de Beethoven, l’œuvre-clé
qui m’a ouvert les portes d’un véritable paradis terrestre.
J’ai une deuxième théorie. L’une
des raisons (il y en a d’autres) qui empêchent les enfants et adolescents
d’apprécier la musique classique, est simplement le fait qu’ils ne l’écoutent pas
à un volume qui lui rende justice. Ils montent facilement des musiques de boîte
de nuit à des niveaux qui endommagent médicalement leurs tympans, mais n’ont
l’occasion d’entendre de la musique classique qu’en timides bruits de fond. Or,
sans aller jusqu’à crever les oreilles, la musique classique doit s’écouter à
un niveau très élevé. L’idéal étant le niveau sonore d’un concert auquel on
assiste en salle.
La qualité du système d’écoute
est également cruciale. L’époque du tourne-disque fut suivie d’une série
d’améliorations culminant avec des systèmes pour le grand public comme Fisher,
Bang & Olufson ou Bose. Pour les professionnels, il y en a qui sont encore
plus perfectionnés. Je me souviens de mon émerveillement en détectant de
magnifiques basses de violoncelles dans des œuvres que je pensais connaître.
Le succès croissant de stations
de radio dédiées à la musique classique, ainsi que l’amélioration constante des
enregistrements et des haut-parleurs représente quand même une forme
d’encouragement. Ne laissons pas les néo-barbares détruire ce fleuron de notre
civilisation.
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