Une récente émission sur le cinéma déplorait le fait que les
travailleurs manuels ne sont pas assez représentés dans les films. Les
exceptions sont certes nombreuses, et faciles à trouver : des films comme « Les
Raisins de la Colère », « Qu’elle était verte ma Vallée ! » viennent
tout de suite à l’esprit, mais dans l’ensemble, cette assertion se révèle
juste. On peut se demander pourquoi.
Beaucoup plus qu’une question de goût, je pense qu’il s’agit
d’une question de temps libre. Quand on travaille toute la journée, même s’il
ne s’agit pas d’un travail manuel, on a peu de temps pour lire, peindre,
danser, écrire ou s’exprimer. Les gens qui travaillent huit heures par jour ne
sont pas moins intéressants que les autres mais ils ont moins de temps pour
faire des choses intéressantes. À ce propos, le nombre d’écrivains qui n’ont
été publiés qu’après l’âge de la retraite est significatif. Ils ne représentent
pas la majorité des cas, mais ils sont quand même nombreux.
Je me suis inévitablement posé la question : qui sont
les personnages de mes romans ?
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Bestial :
un châtelain (ça commence mal), la fille d’un riche fermier (qui ne met pas la
main à la pâte) et une juriste dont le style de vie ne sue pas la pauvreté.
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L’École
du Serpent : juristes. Peu de temps libre, mais bonne éducation,
confort et revenus confortables.
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Vieille
Tortue : là, je gagne un point, car le personnage principal est une
femme de ménage. Malgré tout, ce qui lui arrive de vraiment intéressant se
passe en compagnie d’un riche entrepreneur.
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Orphelin
du Futur : un amnésique, mais avec des goûts de personne cultivée. Il
tombe quand même amoureux d’une serveuse de restaurant.
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Quadrille :
un joueur de hockey sur glace. Bon bagage culturel, beaucoup d’argent pour
commencer, puis en ménage avec la fille d’un châtelain (aïe !), et en fin
de compte avec une secrétaire (ouf !)
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L’École
du Mépris : milieu de personnages richissimes (zut !).
Conclusion ? Ni meilleur ni pire que les autres, mais l’auteur (c’est moi !) est plus à l’aise avec la trinité Argent, Éducation et Temps Libre qu’avec
Pauvreté, Indigence intellectuelle et travail accaparant.
Mea culpa !
Une belle analyse philosophique Donatien. Bisous
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