Qu’est-ce que la nouveauté en
art ? Art, c’est-à-dire tous les arts : peinture, certes, mais
aussi sculpture, littérature, architecture et musique. Comment trouve-t-on la
nouveauté ? Doit-on la rechercher ?
“Les autres cherchent” disait
Picasso. Et il ajoutait avec modestie : “Moi, je trouve.” Il n’avait pas
tort. La véritable nouveauté, c’est le fruit combiné du hasard, du talent et de
l’instinct. En art, ceux qui cherchent étalent leur médiocrité avant de se couvrir de
ridicule. L’obsession de modernité les pousse à vouloir expliquer leurs œuvres.
C’est particulièrement évident dans le domaine des arts plastiques. Au MOMA, un
visiteur s’attarde, rêveur, devant deux ou trois mètres carrés de taches de peinture.
Un gardien du musée s’approche et lui glisse à l’oreille : “Pollock.” Le
visiteur réplique : “Ça, tu peux le dire !”
L’acceptation enthousiaste de
l’art moderne a une origine bien précise : le rejet de l’impressionnisme
par les critiques et le public, à la fin du XIX° siècle. On a tellement peur de
se tromper à nouveau que l’on accepte toutes sortes de « trouvailles »
prétentieuses.
En musique, on voudrait nous
faire admirer des concertos pour charnières rouillées et félins en chaleur.
Longtemps, j’ai cru que je souffrais de préjugés indécrottables envers la
musique classique contemporaine. Je m’y étais résigné. Puis, il y a une
vingtaine d’années, j’ai découvert les quatuors à cordes de Henryk Górecki.
Plus moderne que lui, tu meurs. Pourtant (mais pourquoi devrais-je dire
« pourtant » ?) ils sont d’une beauté à couper le souffle. Et,
en parlant de souffle, ils possèdent justement le souffle de l’émotion et de
l’inspiration. La valeur d’une œuvre n’a rien à voir avec son époque. Boulez
cherche sans jamais trouver ; Gorecki trouve sans avoir jamais cherché. Une
certaine renaissance de la musique traditionnelle est d’ailleurs en cours avec
des compositeurs de musique de film.
On pourrait facilement établir
des parallèles en littérature et en architecture. Pour un écrivain, la
véritable originalité ne consiste pas à torturer le langage, à le « moderniser »
ou à le larder d’anglicismes ; elle consiste à faire naître des émotions inattendues
chez le lecteur.
Picasso avait raison : il y
a ceux qui cherchent et ceux qui trouvent.
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