Pourquoi les
poétaillons ont-ils si complètement perdu le sens du rythme ? Exemple :
LE BANQUET
Un matin,
s'approcher d'une fleur
si belle dans sa rosée
que ça devient banal
le parfum suave immobilise l'espace
libérant les rêves
En poésie, belle suivi d’un mot commençant par une
consonne se prononce en deux syllabes, ce qui donne un vers de 7 pieds. Après
un vers de 6 pieds, c’est déséquilibrant ; c’est laid !
Vient un
vers de 11 pieds. Quand on s’appelle Verlaine, on peut s’en tirer, mais pas
quand on débute ! Ou alors, le « poète » a peut-être considéré
que immobilise n’avait que 4
pieds… mais pas devant une consonne !
Finalement,
un vers de 5 pieds. Parfaitement acceptable si le précédent n’en avait que 10.
Belle en une syllabe ; immobilise en 4, n’auraient pas posé de
problème dans une chanson, mais ici il s’agit d’un poème, c’est-à-dire d’un
texte qui ne peut compter que sur lui-même pour créer sa propre musique et son propre
rythme. Le résultat est chaotique.
Il aurait
fallu si peu de chose !
Un matin,
s'approcher d'une fleur
si belle en sa rosée
que ça devient banal
suave parfum figeant l'espace
et libérant nos ciels.